La pyrale du buis, Cydalima perspectalis, est un papillon originaire d’Asie qui a été accidentellement introduit en Europe dans les années 2000. Aujourd’hui, elle est présente sur tout notre territoire et elle est responsable de la mort de nombreux buis sauvages et cultivés. Un signe qui doit vous alarmer : vos buis sont dévorés et recouverts de toiles et de chenilles vertes et noires caractéristiques.
Les œufs sont aplatis et translucides avec une zone plus foncée au centre. Ils sont pondus par plaques sous les feuilles des buis.
Les chenilles sont caractéristiques et ne peuvent pas être confondues avec d’autres. A l’éclosion, elles ne mesurent que quelques millimètres, puis en se développant, elles atteignent les 4 cm de long ! Elles sont bien vertes, avec des bandes longitudinales noires et blanches sur toute la longueur de leur corps.
La chrysalide (qui est le stade entre la chenille et le papillon) est souvent cachée dans des toiles entre plusieurs feuilles de buis. Elle mesure en moyenne 2 cm de long et présente une couleur verte les premiers jours, avant de devenir brunâtre lorsque l’émergence du papillon est imminente.
Ce papillon nocturne est facilement reconnaissable. Ses ailes sont blanches avec le pourtour brun. Certains sont intégralement marron, mais cette forme est relativement rare. Il mesure environ 5 cm d’envergure. Il est fréquent de le voir voler autour de sources lumineuses en soirée ou durant la nuit. Vous pouvez aussi les observer en secouant vos buis, il s’envole précipitamment pour fuir !
La pyrale du buis passe l’hiver sous forme de jeune chenille, entre 2 feuilles de buis collées entre elles par de la toile (soie). Au mois de février - mars, dès que les températures augmentent, la pyrale recommence à se nourrir de feuilles de buis. Au fur et à mesure de son développement, elle mange de plus en plus, et les dégâts sont généralement visibles lorsque les chenilles ont déjà bien grossi. Arrivée à la fin de son développement après plusieurs mues, la pyrale du buis se créé un abri en regroupant plusieurs feuilles de buis entre elles, le tout maintenu par de la soie. A l’intérieur, elle se transforme en une chrysalide verdâtre. La métamorphose en papillon dure jusqu’à 3 semaines.
Dès le mois d’Avril ou Mai, la première génération de papillon apparaît. Après s’être accouplées, les papillons femelles de la pyrale du buis déposent leurs œufs par petits paquets de 10 à 20, sur la face inférieure des feuilles de buis. Les femelles sont relativement fécondes et pondent jusqu’à 300 oeufs sur leur durée de vie (qui est d’ailleurs relativement courte, une dizaine de jours). Ce papillon nocturne possède une trompe qui lui permet de butiner le nectar des fleurs, ce qui augmente sa longévité.
En fonction de la météo, on observe 2 à 3 générations par an.
Ce sont les jeunes chenilles issues des dernières pontes de l’année qui passeront la saison hivernale.
La pyrale du buis est une chenille defoliatrice qui se nourrit exclusivement de feuilles et d’écorces de buis. Tous les Buxus sont touchés.
Au début de leur vie, les jeunes chenilles sont très discrètes et ne font que peu de dégâts. Elles se nourrissent en effet de la surface de la feuille, sans la perforer. Plus tard, elles consomment l’intégralité de la feuille, et même l’écorce des jeunes rameaux ! A ce stade, les dégâts sont visibles et on observe plusieurs signes qui ne trompent pas :
Attention, les dégâts de la pyrale du buis peuvent être confondus avec les symptômes d’une maladie : la cylindrocladiose du buis, également appelée la maladie du dépérissement des buis. Elle est provoquée par l’attaque d’un champignon (Calonectria pseudonaviculata) et provoque un brunissement du feuillage avec une chute des feuilles. Les jeunes rameaux atteints présentent également des bandes noires.
La lutte biologique contre la pyrale du buis est très efficace du moment qu’elle est mise en place de manière rigoureuse. Elle repose sur 3 axes, à savoir :
Le piégeage avec les phéromones permet de détecter les différentes générations de papillons de pyrale du buis. Bien qu’en capturant un grand nombre de papillons mâles ils limitent un peu la reproduction, leur fonction première est de vous alerter qu’une reproduction de pyrale est en cours. Les pièges à phéromones pyrale du buis servent donc d’indicateur pour effectuer un traitement biologique : à base de Bacilles de Thuringe 15 jours après les premières captures, ou avec des trichogrammes dès les premières captures.
Les trichogrammes contre la pyrale du buis sont des insectes microscopiques qui parasitent les œufs des pyrales du buis. Ils sont à installer uniquement durant les périodes de ponte du papillon, nous vous recommandons donc d’installer un piège à phéromone pour appliquer les trichogrammes dès les premières captures ! Les trichogrammes sont conditionnés dans des cartonnettes à suspendre telles quelles dans les buis.
L’insecticide biologique contre la pyrale du buis est un traitement naturel qui agit spécifiquement sur les chenilles. Il est sans danger pour les pollinisateurs ! Ce traitement bio va éliminer les chenilles de la pyrale du buis, il est redoutable sur les jeunes stades larvaires mais il perd en efficacité sur les grosses chenilles. C’est pour cela que nous recommandons l’usage du piège à phéromone qui permet de cibler au mieux la date du traitement. Il faut compter 15 jours après les premières captures dans le piège à phéromone. Cela laisse le temps aux œufs pondus d’éclore, et de donner naissance à de toutes jeunes chenilles très sensibles au traitement.
Comme évoqué dans la partie sur la biologie de la pyrale du buis, ce sont les toutes jeunes chenilles qui passent l’hiver entre 2 feuilles de buis. Elles commencent à se nourrir en fin d’hiver, et de gros dégâts peuvent apparaître au printemps. En cas d’infestation l’année précédente, nous vous recommandons d’effectuer un traitement bio à base de Bacilles de Thuringe dès Avril afin de ne pas vous faire submerger !
Il existe également d’autres traitements biologiques mais nous avons fait le choix de ne pas les commercialiser pour plusieurs raisons :
Il existe beaucoup de « méthodes » de lutte mécanique contre les chenilles de la pyrale du buis, mais certaines peuvent faire plus de mal que de bien ! C’est le cas du jet d’eau à haute pression pour déloger et tuer les chenilles de la pyrale. Bien qu’efficace, il peut endommager les feuilles et les rameaux du buis et ne cible pas l’intégralité des chenilles… L'humidité favorise également l'apparition de maladie des buis.
La méthode qui a fait ses preuves et qui convient bien si l’on a que quelques arbustes à protéger : le ramassage des chenilles de pyrale du buis à la main. Munissez vous d’un seau et de beaucoup de patience et vous pourrez ramasser pas loin de 1000 chenilles en une heure !
Durant l’hiver, vous pouvez également écraser les jeunes chenilles qui patientent dans leur cachette de soie.
Afin de pérenniser la lutte contre la pyrale du buis, il est indispensable de favoriser la biodiversité au jardin. En effet, il existe plusieurs prédateurs de pyrale du buis :
Les guêpes et frelons peuvent chasser les chenilles de pyrales dans les buis. Il n’est pas rare d’observer des guêpes communes en train de voler au-dessus d’un buis en quête d’une proie ! Certaines guêpes maçonnes telles que celles du genre Sceliphron ont été observées en train de chasser des chenilles. Installez des hôtels à insectes et des mélanges fleuris pour les accueillir au jardin.
Les oiseaux peuvent se nourrir de chenilles ou de chrysalides de pyrale du buis. C’est le cas des moineaux et des mésanges bleus. Bien que ce ne soit pas leurs proies de prédilection, il n’est pas rare d’observer un groupe de moineaux faire une razzia sur un buis infesté. Pensez à installer des nichoirs et à leur proposer de l’eau et de la nourriture durant la saison hivernale.
Les chauves-souris sont des prédateurs de papillons nocturnes. Le papillon de la pyrale du buis constitue une proie de premier choix. Même si les chauves-souris sont rarement en nombre suffisant pour contrer une grosse infestation, elle joue un rôle important dans la régulation de ce ravageur. Si votre jardin ne dispose pas d’abris pour les accueillir, nous vous recommandons l’installation d’un gîte à chauve-souris.
Quelques bonnes pratiques permettent de limiter la casse mais ne suffisent pas à elles seules pour éliminer la pyrale du buis :
Evitez de trop tailler vos buis, en effet, il a été constaté que les buis compacts et régulièrement taillés attirent les papillons de la pyrale du buis. A l’inverse, les buis laissés libres sont moins fortement touchés.
N’apportez pas d’engrais trop riches si vos buis n’en n’ont pas besoin ! En effet, la plante se retrouve enrichie en nutriments ce qui stimule le développement des chenilles qui s’en nourrissent ! Néanmoins si vous être régulier avec les traitements anti pyrales, vous pouvez aider vos buis à redémarrer avec un amendement organique à diffusion progressive.
Plusieurs arbustes conviennent pour remplacer les buis, ils ont un feuillage persistant, un port compact et supportent bien la taille. Nous vous avons sélectionné les plus à même de remplir ce rôle :
Le fusain du Japon : Euonymus japonicus a un port similaire au buis et est lui aussi très rustique et résistant. Il supporte également la mi-ombre, ce qui en fait un excellent candidat pour remplacer les buis.
Le chèvrefeuille à feuille de buis : Tout comme le buis, Lonicera nitida est arbuste est rustique, compact et avec un feuillage persistant. Il a néanmoins une croissance plus rapide que ce dernier, ce qui est idéal pour reconstituer rapidement une ancienne bordure de buis détruite par la pyrale.
Le houx du Japon : Ilex crenata ressemble fortement aux buis avec son port compact et ses feuilles bien vertes. Il a également une croissance lente et se comporte parfaitement bien en topiaire. Son inconvénient : il préfère les sols légèrement acides alors que le buis a une préférence pour les sols calcaires.
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